
À la veille de rentrer aux Îles après une escapade d’une semaine et demi à Montréal, j’ai envie de partager avec vous un poème de mon cru écrit il y a quelques années lors du trajet de retour d’une escapade similaire. Même si je suis pleinement heureux et satisfait d’avoir fait le choix de revenir vivre dans mon archipel natal, j’ai besoin de ces escapades en dehors des Îles. J’ai besoin de revoir les amis-es et les membres de ma famille que j’ai laissé dans la ville où j’ai vécu 8 ans. J’ai besoin de parcourir les lieux qui continuent d’avoir une place dans mon cœur. J’ai besoin de recharger mes batteries dans la diversité et le dynamisme de la métropole. J’ai besoin de maintenir les ponts avec le milieu culturel, et particulièrement le milieu littéraire. Tout comme j’ai besoin de revenir ensuite dans le coin de paradis où je suis si bien, été comme hiver. Mon port d’attache. Mon quartier général. Ma maison-mère. Mes Îles adorées.
Ce poème se retrouve dans « Cordages : Les liens du monde », mon recueil de poésie publié aux Éditions Création Bell’Arte en collaboration avec Ginette Trépanier.
Migrations
Une fois de plus
L’ours migrateur délaisse sa tanière urbaine
Pour prendre la route de l’Est
La route de sa grotte insulaire
Sa caverne d’Ali Baba
Aux mille et une merveilles
Il a une grosse valise pleine à ras bord
De livres à parcourir, de films à dévorer, de jeux à partager
De souvenirs impérissables à chérir
De rêves à faire éclore
De projets à mettre en branle
De manches à retrousser
De broche à accrocher solidement sur sa tuque
Et de tours pour garnir son sac à malice
Bref, tout ce qu’il faut
Pour hiverner sereinement là-bas
Tout au bout du fleuve
Là où la mer commence
Tantôt généreuse, tantôt cruelle
Et où ses caprices rythment la vie
Été comme hiver
Tout, vraiment ?
C’est qu’il aurait bien amené avec lui
Tous ses amis urbains
Oui, tous sans exception
Pour vivre l’hiver avec eux
Dans son refuge au cœur des maritimes
Patiner sur le Lac Solitaire au clair de lune
Faire du ski de fond ou de la raquette
Dans les sentiers sylvestres
Dévaler les buttes et les collines
Sur des luges ou des traîneaux
Faire des bonshommes, des anges
Et des forts dans la neige
Chanter, festoyer, deviser, créer
S’amuser et se pelotonner les uns contre les autres
Dans la chaleur douillette du chalet du P’tit Bois
Alors que de gros flocons
Tombent mollement sur la Montagne
Comme si elle était prisonnière d’une boule à neige
Tel est son souhait le plus cher
Ils lui manqueront
Tous autant qu’ils sont
Comme c’est le cas pour ses amis insulaires
Lorsqu’il prend la route de l’Ouest
Ceux qu’il a hâte de retrouver en ce moment
Alors qu’il marche vers eux
Il se sait chanceux
D’avoir des amitiés si précieuses d’Est en Ouest
Même si ça tiraille son cœur de pain d’épices
Il rêve qu’un jour
l’Est et l’Ouest se superposent
Mais en attendant
Il parcourt les routes en chantonnant
Ma trame :