La sorcière de l’Étang-du-Nord

Quand j’étais petite, on jouait à Harry Potter dans la cours d’école. Des petits bouts de bois pleins de terre nous faisaient office de baguette. On faisait des potions dégueulasses avec de la bouette, des feuilles pis des limaces. Au … Continuer de lire La sorcière de l’Étang-du-Nord

“Es-tu une fille des Îles?”

  “Es-tu une fille des Îles?” Une réponse aux variations multiples. Certains jours, elle se sentait prise dans un rôle d’imposteur. Sa mère, une fille bien d’ici était devenue avec le temps doctorante dans la métropole, et ne revenait maintenant que deux semaines par année, le temps des vacances estivales. Elles réalisaient, mère et fille, la qualité temporaire de leur séjour insulaire. Elles s’en tenaient à répondre, sans préciser, que d’éviter la canicule montréalaise en étant dans un si bel endroit, c’était un beau plan pour une évasion d’été. La fille était aux Îles, mais simplement en tant que travailleuse … Continuer de lire “Es-tu une fille des Îles?”

Les bras de la mer

  Je dors dans les bras de la mer Bercé dans un cocon De douces ténèbres Et le murmure des clapotis Je sens sa main sur mon front Vague de tendresse Qui veille sur mon sommeil Profond comme ses abysses   Mon jardin est planté de mâts Droits et fiers Où fleurissent des voiles Comme autant de lys blancs Au parfum de rêves Tressés de ports attrayants Qui me donne des envies d’Anticosti et de Miquelon De Chéticamp, de Terre-Neuve et de La Rochelle Pour finir par la Guadeloupe   Et puis le vent me porte Des airs de piano, … Continuer de lire Les bras de la mer

La tour et les abeilles

Avant de commencer, je voudrais juste souligner que j’ai écrit cet article de mon propre chef sans que personne ne me l’ait demandé. J’ajoute d’ailleurs en toute honnêteté que je n’ai moi-même demandé de permission à personne. Un des sujets chauds en ce moment aux Îles (pour moi en tout cas), c’est ce projet de construction d’une nouvelle tour de communications par Bell Mobilité au Havre-aux-Maisons. Je n’ai pas très envie de vous faire un remake de cet article de Radio-Canada qui en parle, mais je pense qu’il est nécessaire de relater les faits afin d’en venir aux points que … Continuer de lire La tour et les abeilles

Pression

L’autre jour, j’expliquais à quelqu’un pourquoi j’ai arrêté mes études après le CÉGEP pour en arriver à rentrer à l’université seulement à 26 ans (j’en ai maintenant 27). C’était parce qu’auparavant, je manquais de maturité et surtout de confiance en moi. Ça s’était transformé en gros besoin d’approbation de la part des autres et d’assurance par rapport à ce que je voulais faire, jusqu’à ce que je me donne un coup de pied dans le derrière et que je me décide à vivre ma vie en fonction de moi-même. J’ai aussi parlé de ma vie aux Îles et j’ai évoqué … Continuer de lire Pression

La culture du consentement

Le #metoo (connu aussi au Québec comme étant #moiaussi ou #balancetonporc en France) implique la dénonciation de bien nombreux enjeux; allant des avances et sollicitations inappropriées, du harcèlement, des actes et des touchers gênants et allant jusqu’au viol. Il a fait couler beaucoup d’encre et on s’est mis à adresser le problème à l’échelle (quasi) mondiale. Beaucoup de femmes ont trouvé ça libérateur et beaucoup d’hommes ont trouvé ça menaçant et inquiétant. D’ailleurs, à ce sujet, je vous conseille fortement de regarder cette excellente vidéo. Je sais que le gros des propos de ce hashtag en particulier tournent autour des … Continuer de lire La culture du consentement

Étudier à nouveau

Depuis que j’ai commencé à écrire pour ce blog, j’avais hâte de rédiger et publier cet article. Voyez-vous, j’ai 27 ans et je viens tout juste de compléter ma première session à l’Université du Québec À Montréal pour le baccalauréat en Études Littéraires. Nombreux sont mes camarades trameurs qui y sont allés et qui ont déjà fait part de leur expérience UQAMienne sur ce blog. Je diffère en ce sens qu’il s’agit pour moi d’un retour aux études, puisque ça fait maintenant sept ans que j’ai complété mon CÉGEP et que je n’avais jamais étudié dans une université auparavant. J’ai … Continuer de lire Étudier à nouveau

Les « Scouts »

Ça va faire deux ans que je fais partie de ceux et celles qui restent. Ce n’est pas très étonnant, je n’ai pas manqué un seul été en neuf ans d’études à Montréal et ça faisait déjà quelques années que je faisais partie de ceux et celles qui s’attardent. Année après année, le séjour estival s’allongeait. Il faut dire que ma maîtrise me donnait plus de latitude, surtout lorsque je suis tombé en rédaction. Fin août, début septembre, mi-septembre, fin septembre, début octobre, mi-octobre… Jusqu’à ne plus repartir et passer à nouveau un hiver, cet hiver qui fait peur avec … Continuer de lire Les « Scouts »

L’été de ta vie

Ok, on va parler des vraies affaires un petit peu. Je sais pas si j’ai passé les derniers étés sous une roche, mais il me semble que cette année, le concept de « l’été de ta vie » me rentre particulièrement dedans. Je t’explique en bref : de Facebook à Instagram jusqu’aux conversations courantes, l’idée selon laquelle l’été est la saison qu’il ne faut pas « manquer », cette idée qui nous rappelle qu’il faudrait toujours être quelque part en train de faire quelque chose commence sérieusement à me peser. J’en prends pour preuve le fait que je suis le premier à sentir que … Continuer de lire L’été de ta vie

Épisode : Couchée dans cuisine

Je suis couchée par terre dans la cuisine de mon appartement. Toutes les lumières sont éteintes. Je fixe le plafond sans le voir réellement. Je respire. Fort. J’inspire. J’expire. Je sens l’air entrer dans mon nez, ma gorge, mes poumons. Mes mains suivent le rythme sur mon thorax. Ça m’aide à me concentrer sur ma respiration. Parce que ma tête spin au maximum. Il faut que j’arrête de réfléchir, mais je n’y arrive pas. Je suis tellement fatiguée. Je réfléchis mal. Tout se bouscule. Rationnel. Irrationnel. Positif, négatif, neutre, ce n’est pas si clair en fait. Tout ce que je … Continuer de lire Épisode : Couchée dans cuisine

Y’a des jours comme ça

Y’a des jours où c’est juste facile. Où je me dis que tu as raison, Madeleine, qu’il suffit de t’adopter et de te laisser nous adopter en retour. Comme une promesse. Celle d’être vraie, sans attente sinon d’être juste bien. Je suis bien chez toi, Madeleine, je suis bien avec toi. J’ai fait de ton monde le mien et j’oserais dire que je te ressemblais un peu, avant même de m’identifier à toi. Dans mes valeurs, mes besoins, mes rêves. Être chez moi, chez toi, ça me fait du bien. Ce n’est pas toujours facile. Des fois, je me remets … Continuer de lire Y’a des jours comme ça

Perdu au cœur du golfe

« Situé en plein cœur du golfe du Saint-Laurent, l’archipel des Îles de la Madeleine… » La formule est commune, éculée presque. Je ne vois pas un guide touristique qui ne la contiendrait pas. Mais sa banalité n’est pas ce que je lui reproche le plus. Cette phrase est trompeuse. Les Îles, c’est bien plus loin que ça en a l’air. Sur un archipel, l’isolement se nomme « insularité ». Continuer de lire Perdu au cœur du golfe

L’observateur du café

  Je suis seul au fond du café avec mon espresso. Je regarde tranquillement ce qui se passe alentour, j’écoute les pièces de jazz anonymes qui sortent faiblement des enceintes. Cette foule, d’une trentaine de personnes, semble composer un tout uniforme et confus dans le café. Une masse anonyme qui participe à créer cette ambiance propre à tous les cafés de la planète. Et pourtant, chaque personne a son histoire, chaque dialogue a son contexte. La serveuse qui a le regard constamment posé sur chacune de ses tables, à essayer de visualiser l’état du repas de chacun, à voir si … Continuer de lire L’observateur du café

Comment, finalement, ne pas parler de yoga.

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Crédit : Jean-Étienne Solomon

 

J’ai été faire une séance de yoga.
Mais ce n’est pas ce dont je vais parler.
Parce que je ne vous dirai pas à quel point je pouvais avoir l’air ridicule dans certaines postures.
Parce qu’aussi je vais parler du contraire.
Comment, finalement, le ridicule n’est pas.

Alors je ne parlerai pas de ma séance de yoga de cette semaine.
Je cherche plutôt à parler de « performance ».
La performance, c’est tout et rien à la fois.
C’est du trop et du pas assez.
De l’extrême finalement, à trop grande dose.
Je crois, qu’en progressant dans la vie, On réalise de moins en moins qu’on nous impose de performer.
C’est embêtant.

La performance. La pression.
On la comprend moins, elle est là, on la côtoie, elle nous tue à petit feu.
Et on l’évacue difficilement.
… la performance scolaire, les attentes au travail, la compétition au sport, la comparaison avec les pairs, l’éducation des enfants, c’est sans fin.

Performance, Pression.
C’est une atteinte.

Performance, Pression.
C’est une attente.
Souvent fausse que l’autre a de nous.

C’est lorsque l’on ne se souci pas tellement du regard des autres,  que performance et pression deviennent plutôt : amélioration et bienêtre.

Alors on prend la place qu’on mérite Sans prétention.
Exemple d’une journée banale : Tu abandonnes l’idée de faire chauffer ton plat au travail ou à l’Université, la file est longue. Prétexte : « Aussi bien laisser la place aux autres, pas plus grave que ça. ».

Et LA fois, quand finalement tu fais chauffer mon plat, une personne se pointe derrière, tu écourte la minuterie, cède la place, assez pressé, pour ne pas déranger.

Un jour, ça m’est arrivé.
Ce jour, j’ai esquissé un sourire J’ai laissé la minuterie à son heure, j’ai attendu que le micro-onde fasse sa job.
Un bon 2min30.
Et j’ai jasé avec le gars qui attendait derrière moi.
ll vient de Bulgarie.
Puis, j’ai trouvé un endroit pour crécher sur les abords de la mer Noire pour le prochain voyage qui m’attendait.
En plus mes pâtes étaient chaudes.
Non mais!

Ce que je cherche à dire.
C’est que rien n’est malsain dans le fait de laisser la place à autrui, de s’effacer un peu, de faciliter l’existence des autres.

Mais rien n’est plus sain que de prendre la place qu’on mérite,
Se faire du bien, se respecter à part entière, tout comme on respecte l’autre.

Alors, voilà comment, finalement, le ridicule de mon histoire de yoga n’est pas.
Que la performance, la pression, l’atteinte et  l’attente, n’existent souvent que dans nos têtes.
Et qu’elles sont bien loin de l’amélioration du bienêtre.

Que l’on fasse, en somme, un grand bien à soi-même.
Et se déposera sur nous…
…par les façons les plus spontanées et magnifiques…
…le doux regard de l’autre.

Et la trame :
Big country du banjoïste Béla Fleck.

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