J’écris ceci sur la Grave. Quelque part entre le Musée et le Palais de Justice. Vue sur la mer de tous bords tous côtés, même pour les prisonniers.
J’écris ceci en pensant à René Lapierre. Je m’excuse René, j’ai perdu La Carte des Feux. J’ai égaré ta poésie l’automne passé. Il me semble pourtant que je l’avais à bord du Roter Sand… tellement grandiose cette œuvre… d’une valeur… j’ose croire qu’on me l’a volée.
J’écris ceci sans savoir pourquoi j’écris. Mais je sais pour qui.
La voix prend son espace. Ni trop grand ni trop à l’étroit. Il s’adapte à elle suivant les saisons. On ne tue plus les blanchons depuis au moins 30 ans. Elle est basse. Rauque avec le sourire. Il fait beau quand il pleut.
Je regarde sur la fenêtre. Les embruns salins. Elle m’a présenté ce mot dont je ne connaissais pas l’existence. Certains prétendent même qu’il est impossible de percevoir ce qu’on ne peut nommer. Sans elle j’aurais donc regardé au travers. Mon regard jeté par la fenêtre.
Deux cartes sont posées sur la table. Il y a sur chacune d’elles le même isthme. On y voit une grande étendue de sable, une plage de roches et une sorte de havre naturel. Sur l’une des cartes il y a des vaisseaux ancrés au large qui mènent un siège. Ils craignent le trébuchet. Le gardien du trésor. Sur l’autre carte on remarque une immense forteresse de pierres. Ça a fait grand bruit l’eau qui montait. Pire! Cette marée ne redescendrait plus. La mer a très faim et la terre n’aime pas trop se mouiller.
Il commence à être tard. Très tard. Presque le solstice. Le soleil se couche au nord. Je n’ai plus internet. Le réseau ne rentre pas derrière les demoiselles.
Je pars en croisière lundi. Tout l’été. Tu viendras me faire une colle en personne les dimanches, quand je serai à quai. Je te parlerai du goût de la baleine. Paraît que… ça se mange… bébé.
Écoute la trame:
Ca m’a fait du bien de te lire ..a défaut de te voir en personne. MB Sherbrooke
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