
Un jour, on a fermé.
Les volets, les lumières,
On a tout éteint.
On est parti.
Pas faite pour l’hiver,
Ne réagit pas bien au froid,
On a abandonné.
On reviendra en même temps que la belle saison.
La neige s’accumule.
Elle encombre, paralyse,
Elle s’insère dans les jointures, bloque les articulations,
Le squelette gèle, se pétrifie.
On n’est jamais revenu.
J’ai alors cessé d’être moi.
Je suis devenue une maison hantée.
Remplie de fantômes, de craintes et d’inconfort.
Vide de sens, vide de raison.
Cue fondu au noir.
Ellipse temporelle.
Attends attends attends, doucement.
J’ai besoin de temps.
Le bruit des clés dans la serrure.
Un déclic.
Les poings qui se désserrent, la mâchoire qui se détend.
Les muscles qui se délient tranquillement.
Le corps qui reprend vie.
Et voilà le printemps qui s’amène,
Sans s’être annoncé,
Il pousse la porte,
Et s’installe creux dans la charpente.
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Dimanche le 14 avril 2019 marquait la tenue de notre toute permière lecture publique sous la thématique Rythmes: Dégel. Lors de cette belle journée printanière, huit courageuses et courageux sont passés(-ées) au micro pour faire la lecture de leurs textes ou ceux d’autres auteur(e)s. Ce fut un bel après-midi de rencontre avec notre lectorat et nous retenterons certainement l’expérience dans un futur proche!
Pour ma part, j’ai fait la lecture d’un poème que j’ai choisi de vous partager également ici.
Pour moi, le dégel se fait oui, avec la température qui reprend de sa douceur, mais il peut également être intérieur. (Ré)apprendre à se faire confiance ou à faire confiance en les autres après avoir été blessé(e) ou à la suite d’événements marquants devient alors une forme de dégel.
Trame: Mille et un – Caroline Savoie