Partir droit devant et ne pas se retourner
Partir à temps pour ne rien regretter
Partir avec presque rien et voir grand
Partir dans sa tête en restant bien au chaud
Partir entre terre et ciel en ce matin de dégel

Partir en solo se refaire une beauté
Partir en duo se réapprivoiser
Partir en famille se tricoter serré
Partir avec sa meilleure amie à minuit ou en taxi

Partir avec son chat, sans soucis ni tracas
Partir avec sa mère se raconter au bord de la mer
Partir sans sa sœur longuement pleurée
Partir quand même avec elle
Entre terre et ciel, en ce tendre moment de dégel

Partir vite dans la tempête peu emmitouflée
Partir dans la poudrerie qui aveugle et étourdit
Avancer dans le brouillard et prier qu’il se lève
Et que cesse enfin cet hiver
Sans fin ni saison
Sans réponse ni question

Savoir quand partir et pourquoi tout quitter
Ne fixer que la ligne jaune sur l’asphalte noirci
Ne se fier qu’à soi-même jusqu’au bout de la nuit
Marcher et marcher  jusqu’à atteindre l’horizon
À en perdre haleine à la recherche de ses passions

Partir écrire sa vie
à la lueur d’une seule bougie
Au cœur de ce nouveau logis
Cent fois plus petit
Les doigts tout gelés, la plume affûtée

Partir écrire sa vie à l’encre de mer
L’écrire pour soi, l’écrire pour toi,
Et pour la relire  un jour auprès des enfants

Partir réécrire sa vie aussi
pour aller débusquer à pas bien feutrés
Par ici et par là, la discrète nature de la félicité
Et pourquoi pas pour aller cueillir un brin d’éternité,
Entre terre et ciel, en cette année de dégel.

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Ce texte est une collaboration spéciale de Nicole Gravel, qu’elle nous a fait le plaisir de nous lire lors de la lecture publique des Trames sous le thème « Rythmes: Dégel ».