Tu me manques…

Chaos
Crédit : Jaxson Pohlman

Tu te résumes à une grosse masse orange, cette pollution visuelle qui me rappelle (encore) que là où j’ai grandi, c’est pas pareil.

Jusqu’à maintenant, j’y reviens aux deux ans. C’est donc pas très souvent et très peu de temps à chaque fois pour tout te dire (une ou deux semaines) que je me délecte de cet air frais, pur, humide et salin.

Puis, le soir arrive : tu te dévoiles et exposes ta nudité sans vergogne. Humble devant ton absolue magnificence, je t’admire et je t’aime tant que j’en ai les larmes aux yeux. Je suis en toi et tu es en moi.

Un voile éthéré passe, bleui par la lune jalouse qui voudrait bien m’aveugler. Je t’en supplie! Ne fais pas ton agace, on le sait que tu es beau! Je suis déjà amoureuse de toi! Déjà que je dois accepter de ne pas t’avoir qu’à moi, car tu te donnes à tant d’autres et je ne peux t’en empêcher… Mais maintenant que j’y pense, je suis convaincue que ça fait partie du plaisir que j’ai de t’admirer. Tu sembles jouer avec moi, avec nous, tes amants.

Même l’océan ‒ maîtresse impétueuse, indomptable, dangereuse et colérique par excellence ‒ est à tes pieds, te suppliant de lui faire l’amour.

Ceux qui essaient le plus de te comprendre ne font que découvrir de nouvelles énigmes à ton sujet. Ta beauté, c’est ton mystère.

La vérité, c’est que nous avons beau t’accuser de tous nos maux, de tous nos désirs inassouvis, tu es toujours là et tu ne t’es jamais caché. Tu n’as jamais joué. Nous, nous avons joué et nous nous sommes détournés de toi.

Un jour, tu en auras assez. Tu éteindras tous les feux chez nous et il n’y aura plus d’orange pour te cacher. Et alors, notre sottise ne nous permettra plus de nous détourner de toi. Mais tu es patient. Très patient. Peut-être un peu trop, tellement que lorsque le moment sera venu, nous ne serons peut-être plus là.

Après tout, pour toi, qu’est-ce que quelques milliards d’années de plus ou de moins?  Qu’est-ce que quelques milliards d’amants de plus ou de moins?

C’est pourquoi finalement, je suis pressée. Ma vie est si courte.

Tu sais quoi? Ça ne me dérange pas de te partager avec les autres. Alors vas-y : Brise toutes les ampoules, plonge-nous dans la grande noirceur et enveloppe la Terre entière!

Ciel,

Tu me manques.


Écoute la trame : « Cosmos II », parce que écoute, voir…

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