Mon Endroit joyeux

Les anglophones appellent ça leur happy place (traduction littérale : « endroit joyeux »), c’est-à-dire un endroit où on se sent bien, en harmonie.

J’ai passé toute mon enfance dans ces lieux où la nature régnait en maîtresse (presque) incontestée et je disposais de nombreux endroits pour me ressourcer. Ces endroits étaient magnifiques, tranquilles à certaines heures et surtout foisonnants de vie. Aux Îles, je pouvais passer des heures à mes endroits privilégiés à simplement écouter les oiseaux chanter, regarder les poissons, les mollusques et/ou les crabes se promener dans l’eau, sentir l’humidité et le sel dans l’air ambiant et caresser la flore, la terre et la pierre de mes mains.

Depuis que j’ai commencé ma vie d’adulte, je n’y suis plus. Ça m’a pris beaucoup de temps (des années) avant de trouver un endroit pres de chez moi où j’arrivais un peu à oublier la puanteur oppressante de la ville et l’omniprésence de l’asphalte et du béton. J’ai fini par trouver un îlot de verdure convenable dans cet océan de gris.

Voyez-vous, l’été dernier, j’avais un travail qui commençait très tôt le matin. Or, à cinq heures du matin, je passais par ce parc de quartier sympathique mais ordinaire en apparence. À une heure aussi matinale, il y a si peu d’êtres humains et ma présence était si discrète que la faune me réservait un formidable spectacle.

Là, j’ai trouvé des oiseaux magnifiques et j’ai pu les observer élever leurs petits tout le long de la belle saison. Un jour, des petits carouges à épaulette qui apprenaient à voler sont tombés du nid et sont venus vers moi, leurs becs grands ouverts, en « exigeant » mon aide (je me suis abstenue parce qu’ils apprenaient à voler et devaient donc apprendre à se débrouiller, mais aussi parce que leur père est arrivé et que je savais qu’il prendrait les choses en main avec beaucoup plus d’efficacité que moi). Il y avait deux couples de canards colverts qui avaient chacun une moitié d’étang pour faire nager leurs canetons et deux gardiennes bernaches surveillaient tout un groupe de bébés qui broutaient l’herbe alors que les autres parents batifolaient dans la rivière à proximité.

Tous les matins, quand j’entrais dans le parc, je passais près du terrain de Baseball et une groupe de cinq corbeaux posés sur la clôture interrompaient leurs jacassements pour me regarder passer, comme si je m’incrustais dans une conversation privée à laquelle je n’avais pas été invitée. Puis, je faisais toujours un détour par le petit pont pour jeter un coup d’œil à l’étang (ça va sûrement vous surprendre, mais j’adore l’eau) et compter les tortues qui se grillaient au soleil, rechargeant leurs batteries avant d’aller manger quelques petits poissons ou têtards. Finalement je traversais le terrain vague et deux lièvres grignotaient des trèfles et faisaient la statue le temps que je passe, croyant que je ne les voyais pas. Je jouais le jeu pour ne pas troubler leur repas.

Parfois, je croisais une moufette, un raton ou même un faucon avec une souris dans le bec. Chacun d’eux passait toujours devant moi avec un air surpris, comme si justement ces heures leur appartenaient et que les humains avaient LEURS horaires pour fréquenter les lieux. Ces animaux avaient probablement raison…

Oh, si on a de la chance, on peut apercevoir une de ces bestioles de temps en temps, mais pour ne rien manquer à ces représentations, il faut se lever tôt (et je partais une demi-heure en avance).

Maintenant, les petits ont grandi et sont partis, l’automne est arrivé, j’ai changé mon horaire d’été pour un horaire d’école et je me lève aux même heures que tout le monde. Bientôt, même les adultes vont partir ou s’endormir et une grande et épaisse couverture enneigée va recouvrir mon cher parc.

L’année prochaine, je prévois déménager et changer de tanière car le territoire ne me convient plus (le parc mis à part). Mais j’ignore totalement si je trouverai un autre endroit aussi foisonnant de vie pour me laisser me perdre dans mon animalité.


Petit mot de la fin : J’ai revue les bébés carouges à épaulette quelques semaines après l’incident de la chute du nid et ils allaient très bien. Tout porte à croire qu’ils ont survécu et qu’ils sont adultes ajourd’hui.

Écoute la trame : Skyrim Atmospheres de Jeremy Soule

Parce que je suis une vraie nerd.

Maudit que c’est beau…

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