Crier au loup-marin

Crédit photo : Catherine Touchette
Crédit photo : Catherine Touchette

Crier au loup :
« Avertir d’un danger inexistant ou dont on a exagéré l’importance, avec pour conséquence le risque de ne pas être écouté en cas de vrai danger1. »

Crier au loup-marin :
L’expression pourrait se définir ainsi : « Avertir d’un danger inexistant ou dont on a exagéré l’importance, avec pour conséquence le risque de désinformer une grande partie de la population. » Est-ce que c’est moi ou ces temps-ci il n’y a pas que dans le dossier de la chasse aux phoques où l’on crie au loup-marin2?

Revenons à nos loups, à la chasse aux loups-marins plus spécifiquement. En fait, je n’ai pas l’intention de m’obstiner avec qui que ce soit à ce sujet. Vos choix, mes choix, on pourrait en discuter longtemps. J’ai plutôt envie de parler de ce que je découvre sur cette tradition en habitant aux Îles. Parce que je l’avoue, j’ai vu mon premier phoque, il y a 4 ans.

Je vous mets en contexte, je suis née sur une ferme. On s’entend que j’ai vu des bêtes se faire tuer, se faire saigner même. J’ai souvent rempli des congélateurs de bœuf entier, j’ai mangé le veau à qui j’avais donné un nom. Et si on m’avait surprise à verser une larme… j’aurais été la risée de la famille. Parce qu’on les aimait nos bêtes, mais on les mangeait aussi sans trop se poser de question, c’était comme ça. On ne questionnait pas nos façons de faire. C’était ça la ferme. Arrivée aux îles, je savais à peine que les loups-marins existaient. J’étais loin d’avoir réfléchi à toute cette histoire de chasse. J’ai eu de la difficulté à comprendre pourquoi, la première fois qu’on m’en a parlé, on hésitait, on attendait de voir ma réaction avant de parler franchement et de prendre position.

J’ai vu, j’ai appris. J’ai découvert un univers aussi magnifique que fragile et tabou. La naissance exceptionnelle du blanchon sur les glaces. La grosse boule de poil trop cute, qui devient vite un adulte et mange des tonnes de poissons. Et la chasse, l’une des plus vieilles traditions des Îles qui a été remise en question par tant de gens et dont on a, à maintes reprises, démoli l’image. J’ai pris position. Je mange du loup-marin, j’ai des bottes en peau de phoque. Et je suis fière de la façon dont on fait la chasse.

En mars, on sent que l’archipel se réveille, qu’il reprend doucement ses activités pour se préparer au printemps. En même temps que le retour de la mouvée, c’est le retour d’un mélange de sentiments, entre fierté et amertume. Comme si on était heureux du retour de la chasse, tout en étant un peu inquiet de ce qui va avec, la controverse, les animalistes, les menaces de mort. Cependant, depuis quelques années on observe sur les Îles des activités nouvelles, une semaine de festivités : le Rendez-vous Loup-Marin. Un rendez-vous, disons-le, pour crier haut et fort qu’il faut être fier. Pour célébrer et rendre hommage à ces chasseurs qui affrontent les glaces et remplissent eux aussi leurs congélateurs.

Il y aurait tant à dire sur le sujet. Tant à démystifier. Je ne veux ni faire la morale, ni faire un cours sur la chasse aux phoques, mais il me semble important d’en parler et d’inviter le plus de gens possible à découvrir cet univers. J’ajouterais aussi qu’un filet de phoque c’est délicieux, plein d’oméga 3, plein de fer et certifié Fourchette bleue!

En mars, on arrête de crier au loup-marin, c’est le temps de manger des bêtes et de porter fièrement du poil. Rien de moins!!! Bonne chasse et bon loup-marin!

Pour vous informer :

Tout le monde en parlait

Phoques le film

Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine

Centre d’interprétation du phoque


Notes :

1. http://www.linternaute.com/expression/langue-francaise/401/crier-au-loup/

2. « Loup-marin » est le nom donné aux phoques par les habitants des Îles-de-la-Madeleine.

La trame :

Merci Caroline Leblanc !!!

 

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