« Tout est dans tout » ou #cruiserauxiles

Titre : Troïlus et Cressida, Acte V, Scène 2 Crédit : Gravure de Luigi Schiavonetti, d'après un tableau d'Angelica Kauffmann, http://commons.wikimedia.org/wiki/File:A_Scene_from_Troilus_and_Cressida_-_Angelica_Kauffmann.jpg
Titre : Troïlus et Cressida, Acte V, Scène 2
Crédit : Gravure de Luigi Schiavonetti, d’après un tableau d’Angelica Kauffmann, http://commons.wikimedia.org/wiki/File:A_Scene_from_Troilus_and_Cressida_-_Angelica_Kauffmann.jpg

23 h 49 au Central. Le froid hivernal est mordant à l’extérieur. Il y a probablement encore une tempête. Des discussions superficielles, mais soutenues. Des sourires, un peu d’alcool, mais surtout une certaine forme de complicité et beaucoup de sous-entendus. Ma première expérience de drague aux Îles s’annonce plutôt bien.

Il y a quelque chose de rassurant pour un nouveau célibataire comme moi de voir que certaines femmes me manifestent encore de l’intérêt. Il y a toujours ces craintes de ne plus savoir comment m’y prendre, de ne trouver plus personne de célibataire, d’en décourager plus d’une en raison de ma situation de père ou d’éternel étudiant, de n’être tout simplement plus attirant. Heureusement, mes appréhensions sont infondées (ça doit être mon charisme presque animal).

Je me lance donc.

La chute peut être périlleuse; #cruiserauxiles n’est pas une mince affaire. La gent féminine n’est pas en soi plus difficile d’approche qu’ailleurs. Mais les histoires entremêlées et les liens étroits entre les Madelinots exigent un peu de doigté. Arriver dans un nouveau milieu demande de l’observation. Le nouvel arrivant devra l’apprendre rapidement, s’il veut garder ses chances. J’aurais peut-être dû ne pas me précipiter.

Des erreurs, j’en ai commis. Évidemment, je n’ai pas fait l’erreur de m’inscrire sur Tinder (Tu ne connais pas Tinder? Touche pas à ça! c’est le démon! Pour t’en convaincre, va voir les recherches sur le lien entre l’augmentation des ITS et l’utilisation de cette application.). La frontière entre l’amitié et l’amour a toujours été poreuse. Toutefois, je n’avais pas tenu compte de la fragilité de leur équilibre. À première vue, les Îles ressemblent à toutes les communautés. Des cliques se forment autour d’intérêts communs. L’amour peut s’y inviter. S’il dure, tout va pour le mieux. Par contre, la rupture peut rapidement contaminer les autres membres du groupe. Un froid peut s’installer dans les fêtes. Des rencontres à l’épicerie ou n’importe où ailleurs – parce qu’entendons-nous, c’est difficile d’éviter quelqu’un aux Îles – peuvent causer des malaises et exacerber des tensions. Les amis peuvent se séparer en clans et des amitiés peuvent être mises en péril. Comme les groupes sont relativement petits, leurs membres devront se revoir tous ensemble éventuellement. L’intensité des liens, causée par l’insularité et la proximité, rend parfois la situation délicate.

J’ai également appris – à mes dépens, il va sans dire – qu’aux Îles, les palabres voyagent à une vitesse ahurissante. Au point que s’afficher en public avec une potentielle amoureuse peut officialiser votre relation avant même qu’elle n’ait commencé. Des amies m’ont souvent dit que les hommes refusaient d’avoir des rendez-vous amoureux en public dans les débuts d’une relation de peur que la rumeur se répande. « Ridicule! me suis-je dit. Il faut s’assumer. » Jusqu’à ce que je comprenne que la vie privée et la vie publique se chevauchaient et que j’aie d’étranges sourires dans les cafés et autres lieux publics.

Une autre nuit au bar. Le froid est moins mordant et le printemps commence à poindre. Peu de choses ont changé aux Îles. Seulement que des visages que je croise souvent me sont devenus plus familiers. On dirait que les Îles sont figées dans le temps en attendant l’arrivée des touristes. J’ai appris un peu en un an. Ce que je croyais distinct et bien établi avant de venir aux Îles est devenu confus. Les concepts se mélangent. Bref, tout est dans tout. Par contre, je suis prêt à refaire les mêmes erreurs, parce que, dans les moments où ça marche, l’aventure peut être enivrante. Mais cette fois, je vais rentrer seul. Par moment, il vaut mieux garder un peu plus longtemps les pieds froids la nuit que de se retrouver dans l’eau chaude.

La trame :

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