Bibliovore et fier de l’être

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J’ai toujours aimer lire. Au primaire, le jaune était ma couleur préférée parce que c’était la couleur de la bibliothèque de l’Étang-du-Nord. J’y allais à toutes les semaines. Je ramenais au moins une bonne dizaine de livres. Mes sujets préférés à l’époque ? Le règne animal, l’archéologie, les civilisations anciennes, les dinosaures, les pirates, les chevaliers, l’espace… Les livres étaient pour moi autant de fenêtres sur le vaste monde et ses possibilités. Quand on est un enfant et qu’on vit sur une île, il est plus facile d’explorer le monde avec sa carte de bibliothèque qu’avec son passeport. En fait, c’est le cas pour tous les enfants, mais très jeune j’avais conscience que le reste du monde était loin, au-delà de la mer.

 

Le premier roman que j’ai lu, c’était Le Trésor de Brion de Jean Lemieux. J’avais 10 ans. Ce livre-là avait tout pour me plaire : il se passait aux Îles, il y était question d’un trésor perdu et il avait été écrit par le père de Madeleine avec qui j’étais allé à la maternelle. Ça été la piqûre. Je lisais déjà beaucoup de livres d’images et de bandes-dessinées, mais, à partir de ce moment, je suis tombé dans les romans d’aventure, de science-fiction et de fantasy. Les livres de Signe de Piste, de la Courte Échelle ou encore ceux dont vous êtes le héros. Je lisais assidument la série Animorphs, les livres de Buffy contre les Vampires et les tomes du manga Dragon Ball. En sixième année du primaire, on a monté Le Petit Prince en pièce de théâtre. J’étais le Vieux Roi. Saint-Exupéry est toujours resté cher à mon cœur.

 

À la polyvalente, j’ai fait connaissance avec les classiques. Victor Hugo, Miguel de Cervantès, Alexandre Dumas, Goethe, Charles Beaudelaire, Émile Nelligan, Arthur Rimbaud, Boris Vian, Jules Vernes, Molière, Racine et tant d’autres. C’est à cette époque que j’ai découvert celle qui est depuis ma préférée, Anne Rice et ses Chroniques des Vampires. Je relis toujours inlassablement Lestat le Vampire ou La Reine des Damnées. La littérature de l’imaginaire m’a toujours fascinée. Je vous conseille de tout mon cœur Ursula K. Le Guin, Poppy Z. Brite, H. P. Lovecraft, Isaac Asimov, Ray Bradbury, Natasha Beaulieu, Nancy Kilpatrick, Marie Jakober et Guy Gavriel Kay. Ces histoires-là ne sont pas que des fenêtres nous permettant un regard sur le monde, mais également sur ce qu’il pourrait être en nous révélant beaucoup sur nous-mêmes. Le tout saupoudré d’une pointe de merveilleux qui fait rêver ou d’horreur qui fait frissonner.

 

Mon amour des livres m’a poussé à aller en Arts, Lettres et Médias au cégep des Îles, pour finalement aboutir au bac en études littéraires à l’UQAM. À L’université, j’ai été mis en contact avec Anne Hébert, Marguerite Yourcenar, José Saramago, Virginia Woolf, Italo Calvino, Jacques Poulin, Michel-Marc Bouchard, Marie-Claire-Blais et Réjean Ducharme, pour n’en nommer que quelques-uns. Le coup de foudre. Autant d’univers différents, mais essentiels, chacun à sa manière. Lorsque j’ai décidé d’entamer une maîtrise, c’est tout naturellement que je me suis tourné vers l’insularité. Mon projet de mémoire s’intitulait Insularité et textualité : l’impact de la thématique insulaire dans Les Grandes marées de Jacques Poulin, Le fou de l’île de Félix Leclerc et Les fous de Bassan d’Anne Hébert. Je voulais interroger l’utilisation du thème de l’île dans le roman québécois, sa signification, sa spécificité. On peut sortir un Madelinot des Îles, mais pas les Îles du Madelinot, même aux études supérieures.

 

Aujourd’hui, je suis de retour sur mes Îles. Je lis toujours autant. J’écris aussi. Des poèmes. Des contes. Des nouvelles. Des articles pour un certain blogue. Un jour j’espère, des romans fantastiques. Je collabore à une chronique littéraire à la radio et je viens d’embarquer dans l’Île du Livre, fabuleux projet d’implanter une première bouquinerie aux Îles de la Madeleine. Les livres, en fin de compte, c’est toute ma vie. Ils m’ont permis d’explorer le monde et de me connaître davantage. Parfois, de me remettre en question. Ils m’ont amené à faire des rencontres et aidé à faire des choix. Ils m’ont permis de m’exprimer à travers mes quelques publications, dont mon premier recueil de poésie paru cet automne aux Éditions Création Bell’Arte, Cordages : Les liens du monde. Je me livre entre ces pages. Mes valeurs. Mes rêves. Mes craintes. Mes états d’âme. Mon amour inconditionnel pour l’archipel où j’ai grandi. Ces Îles uniques qui sont toujours un peu présentes dans mes écrits et, dans une certaine mesure, dans mes lectures aussi. Comme si elles lisaient derrière mon épaule ou me soufflaient des suggestions à l’oreille lorsque je furette à la librairie.

 

Récemment, une amie à moi s’exprimait sur les jugements auxquels elle a dû faire face lorsque les gens ont su qu’elle avait décidé d’étudier en littérature. On lui a balancé beaucoup de questions du genre « Mais à quoi ça sert? » ou « Comment tu vas gagner ta vie? ». On m’en a balancé de ce genre aussi dans le temps. J’avais envie de leur répondre par cette citation de Saint-Exupéry : « C’est véritablement utile parce que c’est joli ». Il y a tellement de choses moches dans ce monde, si on peut créer un peu de beauté et égayer les gens le temps d’une lecture, c’est déjà ça. Mais la citation que mon amie a partagée me semble encore plus à propos.

 

« A reader lives a thousand lives before he dies, said Jojen. The man who never reads lives only one » – Georges R. R. Martin, A Dance with Dragons

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