Il pleut, il pleut, il mouille

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Illustration de Chiara Bautista

 

Quand le sang de tes veines retournera à la mer, et que la terre de tes os retournera dans le sol, alors peut-être te rappelleras-tu que cette terre ne t’appartient pas, mais que c’est toi qui appartient à cette terre – Proverbe Amérindien.

 

Depuis plusieurs jours, c’est le Déluge sur l’archipel. Le vent et la pluie s’en donnent à cœur joie. Tant et si bien que la mise à l’eau des cages, qui donne le coup d’envoi de la pêche au homard, est reportée continuellement depuis bientôt une semaine. C’est à se demander s’il y aura du homard sur la table pour la fête des Mères comme c’est traditionnellement le cas depuis des décennies. Les pêcheurs ont hâte de s’élancer sur leurs fonds de pêche et de commencer la saison. On peste et on chiale contre le mauvais temps. Mais, au fond, on n’est pas si mal loti. Nos maisons ne sont pas en danger comme c’est le cas pour tant de familles québécoises en Mauricie, en Outaouais, dans Lanaudière, dans les Laurentides et même à Montréal.

 

Plus de 557 routes et 171 municipalités sont actuellement touchées par des inondations record au Québec. Au moins 10 de ces dernières ont déclaré l’état d’urgence. Le nombre de résidences inondées par la crue des eaux a atteint 3882. On estime que 2721 personnes qui ont dû évacuer leur maison. Le gouvernement a décidé de suspendre les travaux parlementaires. La situation est dramatique.

 

Comment en est-on arrivé là ? Cette année, la neige ne s’est mise à fondre dans plusieurs régions que récemment. À la fonte des neiges se sont ajoutées des précipitations abondantes qui sévissent depuis quelques semaines. Trois dépressions provenant du Texas se sont succédé, laissant chacune une cinquantaine de millimètres de pluie. Les rivières, déjà grossies par la fonte des neiges, ont débordé. Ce qui a donné lieu à la catastrophe naturelle qui a actuellement cours.

 

Aux Îles, nous sommes un peuple de la mer. Nous tirons essentiellement notre subsistance de la pêche et du tourisme. Nous sommes tributaires de notre environnement et du climat. Nous vivons au rythme des saisons et nous sommes habitués à ce que le temps qu’il fait ait un impact direct sur nos vies. Or, le climat, il est en plein chamboulement à l’échelle de la planète.

 

Les changements climatiques, c’est une réalité du XXIe siècle. Et pas dans un futur plus ou moins lointain. Non, c’est ici et maintenant que ça se passe. Il faut impérativement freiner l’émission des gaz à effets de serre et en réduire le taux dans l’atmosphère. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Les conséquences des changements climatiques causées par l’augmentation drastique des gaz à effet de serre, on les voit concrètement dans 171 municipalités du Québec. Qu’il s’agisse du dernier rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental du climat (GRIEC) ou des plus récents travaux du consortium Ouranos, de plus en plus d’études démontrent que pour l’Amérique du Nord, la hausse généralisée des températures se traduit par une hausse de l’intensité et de la fréquence des précipitations et des crues. Et ces rapports ne datent pas d’hier… C’est à se demander pourquoi les autorités ne sont pas mieux préparées à faire face à de telles inondations. Les scientifiques nous préviennent depuis 10 ans.

 

À Gravel le matin aujourd’hui, le Grand Chef des Mohawks de Kanesatake, Serge Simon, disait qu’il faudrait refiler la facture des inondations aux compagnies pétrolières. Je pense comme lui. L’industrie pétrolière est l’une des grandes responsables des changements climatiques, d’autant qu’elle fait tout en son pouvoir pour retarder la transition énergétique qui s’impose. On ne peut plus se permettre de la laisser jouer avec nos vies et notre futur. On ne peut plus laisser les politiciens faire de faux efforts pour la lutte aux changements climatiques. Il faut que ça bouge.

 

Courage à tous ceux et toutes celles qui sont victimes de ce sinistre.

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