
N’y allons pas par quatre chemins : je suis un gourmand. J’éprouve un très grand plaisir à utiliser mes papilles gustatives et à savourer la nourriture durant mes repas, mes collations ou autres fringales de fin de soirée. Je m’en confesse, lorsque j’atteins la satiété, je continue souvent de manger pour prolonger le plaisir. Guy de Maupassant considérait la gourmandise comme étant la passion la plus sensuelle au vrai sens du mot, et je suis bien obligé de lui donner raison.
Les Îles de la Madeleine, c’est un vrai paradis pour un épicurien tel que moi. Bien sûr, les choix culinaires sont plus limités qu’en ville. Il n’y a pas de resto indien ou thaï à portée de la main. Mais, selon moi, l’incroyable qualité des produits de la mer et de notre terroir compense largement. Évidemment, comme notre communauté tire sa subsistance de la mer, les poissons, les mollusques, les crustacés et les loups-marins font partie intégrante de notre culture alimentaire et leur fraîcheur va sans dire. Nous sommes un peuple de pêcheurs. Mais l’agriculture et l’élevage sont de moins en moins en reste. Depuis quelques années, le tourisme agro-alimentaire se taille une place de choix sur notre archipel, et ce n’est pas pour me déplaire. Les initiatives du Bon Goût Frais des Îles de la Madeleine, un organisme qui regroupe des producteurs, des restaurateurs et des détaillants dans le but de mettre en valeur nos produits locaux, sont de plus en plus porteuses pour la communauté. C’est le cas notamment de la Folle Virée Gourmande, un événement dont le seul nom donne l’eau à la bouche.
Durant le mois de juin, alors que débute la saison estivale, des restaurateurs, des producteurs et des artistes joignent leurs forces pour créer des soirées gastronomiques et thématiques absolument gargantuesques. Ce festival gourmand est né d’une initiative du potier Patrick Leblond. Appelée « Artisans à table ! », l’activité d’origine a réuni une douzaine d’artisans qui se sont inspirés des produits du terroir madelinot pour façonner des objets utilitaires. Désormais, il s’agit d’un incontournable dans le paysage événementiel des Îles.
Chaque fois, je m’offre l’un de ces évènements gourmands. Cette année, j’ai jeté mon dévolu sur « Cœurs de pomme, grains de sable », une soirée qui alliait le savoir-faire du Café de la Grave, du Verger Poméloi et des Artisans du Sable. Je ne sais pas si c’est parce que les ancêtres de ma mère exploitaient le deuxième plus gros verger de la Nouvelle-France sur la fin des années 1640, mais le cidre et les produits de la pomme réussissent toujours à me ravir. Ce fut une Folle Virée Gourmande absolument exquise.
On s’est laissé chanter la pomme avant de mordre à belles dents dans le fruit défendu dans une ambiance feutrée. Suzanne Richard était installée au piano, des gravures d’Adam et Ève vêtus de feuilles de vigne avaient été accrochées aux murs et un magnifique pommier blanc trônait au bout de la grande table, chargé de pommes de sable et de béton blanc réalisées par les Artisans du Sable. Le menu ? Une flûte d’Escarbille en guise de préliminaire, suivie d’une bouchée d’effilochée de porc cochon avec une gelée de pommettes et d’une bouchée de gravlax de saumon au P’tit bois et son yogourt citronné. Ensuite, un velouté de chou-fleur et P’tit bois, un ceviche de pétoncles, sa pince de homard et du Chouchen. Comme plat principal, une cuisse de canard, sauce à L’Enchanteur, salade de maïs et purée de céleri-rave. Pour terminer, une délicieuse truffe à l’eau-de-vie et nectar de Poméloi. Nous nous sommes régalés.
Le clou de la soirée ? La récolte des pommes des Artisans du Sable ! Chaque convive en a reçu une. Il s’agissait de véritables œuvres d’art qui s’ouvraient en deux. Au cœur du fruit défendu, un condom et une maxime : si tu fais le mal, fais le bien !
Bref, ce fut une soirée magique pour céder à la tentation et combler ma gourmandise. En passant la porte du Café de la Grave, je me suis dit, une fois de plus, qu’il faisait bon être revenu vivre aux Îles.
Écoute la trame, parce que : J’ai découvert le trio L.E.J. l’été passé, et depuis, c’est l’amour fou. La pièce La dalle, tant par ses paroles que par son vidéoclip, est une véritable ode aux plaisirs de la table.