Les fissures

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« Sans émotions, il est difficile de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvements.»  –  Carl Gustav Jung

Aujourd’hui, je souhaitais écrire pour les personnes qui ont déjà habité dans une maison à colorier, mais qui se sentaient gris.

Je souhaitais écrire pour raconter l’histoire de ces malaises qui guettent et de ces monstres qui n’habitent plus sous nos couettes, mais en nous-mêmes. De ces démons qui nous hantent et de ces nuits sans sommeil.

Alors voici l’histoire de la noirceur ; peut-être la tienne et beaucoup la mienne.

La folie arrive doucement, sans qu’on ne la voie tout à fait venir. Pour certaines personnes, elle prend l’allure d’une pointe de vie qui s’écroule. Pour d’autres, elle naît à l’intérieur de soi et grandit doucement. Sans raison particulière ou pour toutes les raisons du monde, l’entièreté de qui nous sommes passe de l’opaque au flou.

Je voudrais te dire que ça fait du bruit, mais je te mentirais. La vérité, c’est que le tout se détache morceau par morceau, doucement. Le plus souvent, cela débute par les points d’interrogation. Les questions passent en mode attaque, mais il devient impossible d’y répondre. C’est la naissance du doute. Pour une raison que j’ignore encore, il me semble que cela se poursuit par un dialogue avec soi. Une discussion qui finit toujours trop tard. Et ça, c’est le début de la fin.

Les yeux tournés vers soi ne regardent jamais vers l’extérieur. Et c’est de cette façon que la folie naît. Nous devenons si occupés à souffrir que nous oublions l’existence du beau. La douleur se vivifie et nous enlace dans une danse qui n’a pas l’intention de finir. Et les choses les plus sensées deviennent nébuleuses. Le soleil, le chatouillement du sable et la main douce de l’amour sur sa joue ne laissent qu’un faible écho dans l’esprit tourmenté.

Pris dans cet échange houleux avec soi, les mots deviennent rares. Tenter de nommer la douleur à ces gens qui ne veulent pas l’entendre semble parfois être l’effort de trop.

Souvent, c’est alors que le sol accueille la chute. Celle d’un monument fissuré, d’une statue au marbre usé. D’une personne épuisée. En colère. Douloureuse : Ta chute. La tienne.

Cette chute semble le moment le plus à craindre, mais j’aimerais te rassurer. C’est devant tes morceaux éparpillés que débute la reconstruction. La vie n’a pas fini de durer.

Alors, assis par terre, tu débutes le deuil de la souffrance dont tu t’es lassé peu à peu. Pour la première fois peut-être, les paroles se délient et tu laisses se déverser toutes les questions qui te hantaient au départ. Tu peux enfin rompre avec les monstres dont tu n’as plus peur. Et sauter ces barrières qui te maintenaient à l’intérieur de toi.

C’est le début de tout.

Où que tu sois aujourd’hui, sache que la folie nous a tous eu un de ces jours. Nous sommes tous, à notre manière, la chute de Sparte.  De cela, tu as le droit de ne pas avoir honte. Tu as le droit de crier que tu souffres. Tu as le droit à demander d’être entendu et surtout, tu as le droit de te laisser choir sur le plancher. Tout passe lorsqu’on se laisse le droit à l’effondrement.

De toute façon, les pièces recollées laissent encore mieux circuler la lumière.

Joanie Poirier.

P.-S.  En cette journée de Bell cause pour la cause, je tenais à t’encourager à faire ta part pour la santé mentale en envoyant plus de textos, en partageant leurs publications ou en écrivant un simple #bellcause.

Mettons fin à la honte.

 

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