
Quand je suis revenu m’établir aux Îles en 2015, j’avais peur de m’ennuyer durant la saison hivernale. Dans ma tête, j’avais le préjugé que l’automne et l’hiver, c’est la saison morte. Et pourtant, cette saison n’a vraiment rien de morte. Elle est moins effrénée que la saison estivale, mais un peu lenteur, ça fait du bien après avoir couru comme des fous pendant deux ou trois mois. Ce changement de rythme entre la saison estivale et la saison hivernale, non seulement je le trouve en fin de compte agréable, mais je crois aussi qu’il est salutaire. Nous serions incapables de soutenir le rythme de vie effréné de l’été douze mois par année. Ce serait malsain.
En l’espace de deux semaines, j’ai assisté à un opéra, une pièce de théâtre et un one-man-show littéraire. J’ai dansé ma vie à deux party d’Halloween. J’ai participé à un atelier d’écriture et une conférence avec un auteur que j’admire. Je suis allé faire des longueurs à la piscine municipale et j’ai eu des pratiques de l’ensemble vocal auquel de me suis joint il y aura bientôt un an. J’ai également joué une partie pour chacune des deux campagnes de Donjons & Dragons qu’on tient avec des amis. Et en fin de semaine passée, le Festival international de courts-métrages Images en vue battait son plein. Deux semaines. Fin octobre, début novembre. Je nous trouve chanceux d’avoir une vie culturelle si riche à ce moment de l’année. Après tout, nous sommes une petite communauté de 12 000 personnes perdue au cœur du Golfe Saint-Laurent.
Bien sûr, les jours raccourcissent et se teintent de gris. Le froid s’installe. Plusieurs commerces ferment ou prennent une pause. C’est parfois contrariant. Mais même si les choix d’activités se restreignent, chaque semaine, si on le souhaite vraiment, on peut toujours trouver quelque chose à faire. L’offre culturelle est moins gargantuesque que durant l’été, mais justement, comme il n’y a pas plusieurs évènements partout chaque soir, on a la possibilité d’apprécier chaque occasion qui s’offre à nous si le cœur nous dit. C’est moins étourdissant.
Entre les festivals comme Contes en Îles, Images en vue ou le Rendez-vous Loup-marin, les programmations automne-hiver du Vieux Treuil et des Pas Perdus, les activités du Musée de la Mer, les initiatives du Café d’Chez Nous, l’ouverture de la Buvette, les projections hebdomadaires de films de répertoire de Sofilm Cinéma Parallèle, les activités de la Municipalité ou des différents comités de loisirs, il y a de quoi se nourrir culturellement, s’amuser et s’occuper. J’essaie de faire ma part avec ma bouquinerie. Je souhaite qu’elle soit un refuge pour les amoureux des livres, les trippeux de jeux de société et tous les geeks de l’archipel. Que ceux et celles qui ne rentrent pas dans le moule s’y sentent les bienvenus. Mais au-delà de mes efforts personnels, nous avons la chance d’avoir des organismes et des personnes qui font un travail remarquable à ce niveau sur toutes les Îles. Je les en remercie chaleureusement.
Et puis, il y a la nature, la nature magnifique qui nous entoure. Si vous saviez le bonheur que j’ai à prendre une marche dans les sentiers du P’tit Bois qui serpentent les alentours du Lac Solitaire. Ces sentiers que je connais par cœur pour les avoir parcouru toute mon enfance. Ces sentiers remplis de l’odeur des sapins et de la terre mouillée. Ces sentiers qui résonnent du cri rapide et strident des tamias, de la comptine des pinsons à gorges cherchant Frédéric et du bruit de l’eau vive qui coule dans les ruisseaux. Pour moi, c’est thérapeutique.
Tout comme une soirée tranquille à la maison à lire ou écrire tout en buvant du thé avec de la musique en trame de fond. Tout est une question d’équilibre. Et quand on regarde l’ensemble, on peut voir les motifs d’une vie bien remplie.
Trame : Un film d’animation de Disney incarnant l’automne et l’hiver sur la Valse des Fleurs de Tchaikovsky, tiré du célèbre ballet Casse-Noisette.